Mémorandum de la Communauté des Réfugiés et demandeurs d’asile urbains de Goma, Nord- Kivu, R.D.Congo au Haut-Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés lors de sa visite en R.D.Congo du 24 Avril 2021
Un leader des refugies a Goma avec Philippo Grandi apres la reunion a Goma – RDCongo
Nous, Réfugiés et demandeurs d’asile urbains, avons le réel plaisir de venir auprès de votre haute compétence à travers ce mémorandum pour vous mettre au courant de notre situation désastreuse que nous traversons actuellement. Votre présence rappelle certains d’entre nous la visite de votre prédécesseur en 2010, à Goma, ses idées et ses promesses non accomplies pour aider les Réfugiés et demandeurs d’asile, restent encore gravées dans nos mémoires et attendons impatiemment leur mise en application.
La situation sécuritaire
Nous sommes discriminés, stigmatisés, diffamés par les nationaux en nous accusant d’être une partie des groupes armés de pays de provenance comme les FDLR, (Rwanda) et le FNL et Red Tabara (Burundi) ADF Nalu (Ouganda) et cela à tous les niveaux soit par la population locale soit par les autorités en place. Dans le même angle d’idée, nous sommes victimes des actions politico- militaires contre tous ces groupes armes étrangers opérant à l’Est de la R.D.Congo. Le cas le plus récent est la violence ethnique à Buene dans le Nyiragongo où plusieurs réfugiés dont le nombre n’est pas encore connu, ont été outragés à la merci des mal francs. Le ca le plus illustratif est d’un réfugié Ougandais qui a été sauvé de justesse au coups de machette car il ne pouvait pas s’exprimer dans aucune des langues parlées par les deux belligérants.
Ces insécurités se manifestent sous plusieurs formes tel que la fusillade, violence sexuelle, arrestations arbitraires, tueries ciblées, injures publiques,… la fusillade la plus récente date de 2019 dont la victime est une femme réfugiée Burundaise qui a déjà fui ce pays, mais aussi le cas d’un jeune garçon Burundais réfugié tué par balle en 2019, l’attaque à l’arme blanche d’un jeune garçon Burundais par ce qu’il est seulement réfugié. Et ceci est une pratique qui dure longtemps. En 2012, une femme Burundaise a été victime des balles au niveau des fesses ainsi que l’assassinat d’un Rwandais réfugié en 2019 qui a été abattu à la porte de sa maison à Mugunga pour ne citer que ceux-là.
Au-delà de la situation sécuritaire très complexe, les réfugiés deviennent de plus en plus vulnérables à cause de leurs identités et limités en terme d’alternatives pour répondre efficacement aux besoins sécuritaires. Les opérations militairers sont menées contre les rebelles ci-haut cités, nous différencier devient une équation à plusieurs inconnus.
Nous continuons à être un outil de discrimination et de stigmatisation comme le fait d’être confondu facilement aux groupes armés étrangers opérant dans notre milieu, en boitant nos mouvements d’ici et là pour se débrouiller , empêchant l’accès aux services sociaux et l’emploi.
Nous sommes desespérés depuis le début de cette année, la situation s’empire avec l’assassinant de l’ambassadeur Italien tous près de Goma, l’insécurité gagne du terrain , notre vie est assombrie, le future douteux suite aux hostilités récidives à l’est de la R.D.Congo.
Selon la situation géo- politique de la région, le HCR n’a pas encore mis en place des mesures appropriées pour répondre aux problèmes de protection aux réfugiés et demandeurs d’asile, auxquels s’ajoutent les différentes formes de rapatriement forcé, des pratiques de séductions pour le rapatriement forcé direct ou indirect.
Dans notre pays d’accueil, nous faisons face à plusieurs défis nécessitant un remède adéquat, provoqués par l’histoire néfaste de nos pays d’origines qui ont agressé la R.D.Congo en maintes reprises, créant l’insécurité récurrente à l’Est et dont tous sommes victimes.
Les soins médicaux: Le paquet de 25$ par an, qui est seulement 2$ par mois pour chaque réfugié, et ce dernier doit fréquenter l’hôpital seulement 4 fois par an. Ces soins médicaux limités aux produits génériques, pas d’examens spécifiques, sans parler même de traitement des maladies chroniques, ainsi que le manque de suivi aux malades. Tout cela est à la base du taux de mortalité très élevé au sein de la communauté des réfugiés. Nous constatons que le HCR Goma décourage l’initiative de transfert des réfugiés pour des soins médicaux appropriés sous prétexte que ces humains sont à la recherche de la réinstallation pour un troisième pays, et ceci engendra beaucoup des décès inédits.
Les réfugiées victimes des violences sexuelles restent toujours oubliées même sur le plan national où l’absence de la visibilité à plusieurs niveaux se fait remarquer. Les femmes tombent souvent victimes dans plusieurs circonstances surtout quand elles sont parties chercher à manger dans des champs, collecter des bois dans la forêt, collecter de l’eau, et tant d’autres activités de survie qui les exposent. Les jeunes filles subissent de l’exploitation sexuelle par des humanitaires et d’autres personnes dans les communautés d’accueil en échange des services. A titre d’exemple, une fille Burundaise réfugiée à Goma âgée de 13 ans qui a été violée dans le moi de Février 2021, et tant d’autres cas qui datent longtemps. Nos efforts fournis pour saisir le HCR et ses partenaires restent caduques en accusant les réfugiés de chercher simplement la réinstallation pour un troisième pays.
Education : Au-delà du souhait de protéger les réfugiés, nos enfants n’ont pas d’accès a l’éducation, la gratuite prônée par l’Etat Congolais reste non appliquée dans les Etablissements Publics et Privés. Les enfants sont dans l’embarras et surtout que le HCR ne paie pas les frais scolaires qui sont exigés dans différentes écoles pour cette scolaire 2020/2021. L’enseignement secondaire et universitaire reste un rêve pour des milliers d’enfants réfugiés et demandeurs d’asile car leurs parents croupissent dans la misère.
Au-delà de cela nous faisons face aux difficultés de manque des programmes de l’éducation informelle qui serait un atout pour les adultes qui n’ont pas eu la chance d’accéder à l’école car la plus part d’eux ont passé leur vie dans la brousse non accessible par les humanitaires lors des différentes guerres depuis qu’ils sont ici en R.D.Congo.
Les enfants réfugiés sont en majorité des apatrides par manque d’acte de naissance et parmi eux plusieurs ne sont pas identifiés par la Commission Nationale pour les Réfugiés (CNR).
Assistance sociale : L’accès au logement et la nourriture n’existent pas pour la majorité des réfugiés et demandeurs d’asile, cependant un petit nombre bénéficie de l’aide du HCR dont les critères pour en avoir restent inconnues, et pour nous éliminer de l’assistance ponctuelle on mentionne sur nos papiers « La qualité de réfugié ne donne pas automatiquement droit à l’assistance ». Ceci expose les réfugiés à vivre une vie nomade et misérable, et continue de réduire les opportunités de notre protection.
Le statut de réfugiés : Des réfugiés et demandeurs d’asile continuent à être exposés aux menaces sécuritaires et des arrestations arbitraires ainsi que d’autres formes d’exclusions pour accéder aux services de base car ils n’ont pas de statut des réfugiés qu’ils attendent durant des années, les uns ont des documents expirés et d’autres dont les dossiers n’existent plus ainsi qu’une grande partie qui n’est pas encore enregistrée.
Ayant eu cette opportunité de nous adresser auprès de vous pendant cette journée spéciale, nous vous demandons humblement ce qui suit :
De revoir et d’exécuter les promesses de votre prédécesseur Mr. Antonio Guterres lors de sa visite ici à Goma en 2010 sur la mise en place de services humanitaires accessibles pour chaque réfugié notamment le logement, la nourriture, les soins médicaux, et l’éducation. Ainsi que la promotion de la réinstallation comme solution durable aux problèmes des réfugiés à l’Est de la R.D.Congo où notre vie continue d’être en danger suite à notre emplacement géographique défavorable,
Pour épanouir l’espace de protection pour les réfugiés urbains, nous vous demandons la mise en place d’un centre Antonio Guterres pour les réfugiés et demandeurs d’asile urbains de Goma,
Etant donné que les réfugiés ont plusieurs problèmes, nous vous demandons la mise place du service d’assistance juridique pour tous les réfugiés et demandeurs d’asile, pendant que ceux-là qui seraient en charge ont déjà montré leurs limites,
Vu que la situation sécuritaire qui a affectée les réfugiés et demandeurs d’asile pas mal d’années, nous vous supplions la mise en place des trois solutions durables pour les réfugiés dans la stricte application de la loi en vigueur qui régit les réfugiés dont la réinstallation, le rapatriement volontaire et l’intégration locale,
Ayant observé les abus commis contre les réfugiés ci- haut cités, nous vous demandons de diligenter une enquête sérieuse et indépendante en consultation directe avec les réfugiés dans leurs communautés respectives pour établir les responsabilités, punir les auteurs et réhabiliter les victimes,
Ainsi pour continuer à épanouir les opportunités de notre protection, nous vous sollicitons l’octroi de titres de voyage aux réfugiés pour atténuer les risques d’insécurité causée par le format de nos pièces d’identités,
Observant que les réfugiés et les demandeurs d’asile sont aussi partie prenante dans leur protection, nous vous sollicitons de mettre en place un système de collaboration directe avec les initiatives existantes des réfugiés,
Ainsi fait à Goma, ce 24 Avril 2021,
Nous les signataires membres de la Communauté des Réfugiés et demandeurs d’asile urbains de Goma, Nord- Kivu/ R.D.Congo.